L'atmosphère était lourde d'émotions, et le silence entre eux semblait vibrant d'une tension inexprimée. Esme ouvrit la bouche, prête à parler, mais avant qu'un seul mot ne puisse franchir ses lèvres, Ander l'attira brusquement contre lui et captura sa bouche dans un baiser ardent.
D'abord surprise, elle resta figée, ses yeux écarquillés. Puis, doucement, elle se laissa emporter par la chaleur de ses lèvres, par cette tendresse passionnée qu'elle n'avait jamais osé espérer. Leurs cœurs battaient à l'unisson, tambourinant sous l'intensité du moment.
Le besoin d'air les força à se séparer, et leurs respirations saccadées emplirent l'espace entre eux. Ander, encore sous l'effet de l'émotion, posa son front contre le sien, sa voix tremblante d'un mélange de nervosité et de sincérité.
— Esme… Je t'aime.
Elle cligna des yeux, surprise par ces mots qu'elle n'aurait jamais cru entendre de sa bouche. Il détourna le regard, visiblement gêné, puis reprit, la voix plus grave :
— Je t'ai toujours aimée. Mais… je n'ai jamais voulu l'admettre. Je ne me sentais pas à la hauteur. Alors, j'ai caché mes sentiments derrière des excuses. Je me disais que je te protégeais uniquement parce que je l'avais promis à Dominique avant sa mort… ou que c'était simplement mon devoir. Mais la vérité… c'est que je n'ai jamais pu te voir autrement que comme celle qui compte le plus pour moi.
Esme le regarda, touchée par sa confession. Voir Ander, toujours si sûr de lui, troublé et vulnérable à cet instant, fit naître en elle un sourire tendre et amusé.
— Et dire que je me croyais pas assez bien pour toi…
Ander releva les yeux vers elle, surpris, avant de sourire à son tour.
— Alors, nous avons partagé les mêmes craintes…
Il marqua une pause, puis, d'une voix hésitante, il demanda :
— Mais… m'aimes-tu comme je t'aime, Esme ?
Elle plongea son regard dans le sien, levant doucement ses mains pour les poser sur sa nuque. Ses doigts caressèrent sa peau dans un geste infiniment tendre, et elle souffla :
— Si tu savais… Depuis combien d'années j'attendais ce moment, Ander. Depuis toujours, en vérité. Je t'ai toujours aimé.
Les yeux d'Ander s'agrandirent légèrement, mais Esme continua, la voix douce et sincère :
— C'est même la raison pour laquelle je n'ai jamais pu aimer V'athē. Parce que mon cœur t'a toujours appartenu, Ander.
Un souffle s'échappa des lèvres du jeune homme, un souffle chargé d'émotions qu'il ne pouvait plus contenir.
— Esme…
Le poids des années de doutes, de retenue et de faux prétextes s'évanouit en un instant. Submergé par l'émotion, il s'approcha à nouveau d'elle et l'embrassa avec une passion renouvelée, comme s'il voulait imprimer sur ses lèvres tout ce qu'il n'avait jamais osé dire.