Dans sa chambre silencieux , Ander faisait les cent pas, l'esprit tourmenté. Une étrange angoisse lui nouait le ventre, un pressentiment que quelque chose n'allait pas… mais quoi ? Et surtout, comment pouvait-il savoir ce qu'il se passait, à Ambar, là où Esme et les autres étaient ?
Il soupira, se frottant le front. « Il faut que je la voie… mais comment ? »
La porte s'ouvrit brusquement, interrompant ses pensées. À la vue du visiteur, Ander se raidit, dissimulant son trouble derrière un masque d'indifférence. Il détourna le regard et déclara d'un ton froid :
— Dois-je vous aider en quelque chose, Seigneur Glen ?
Le roi Glen s'approcha, esquissant un sourire.
— Non, je suis juste venu… pour essayer de me faire pardonner.
— Vous perdez votre temps.
Glen gloussa doucement, comme amusé par la résistance de son fils :
— Tu n'as pas changé, mon fils. Toujours aussi têtu et fier… Comme moi. Deux traits de caractère que ta mère n'a jamais vraiment supportés.
À ces mots, Ander se raidit. L'idée de ressembler à son père, même un peu, lui était insupportable.
Glen reprit, plus sérieux :
— Je sais que tu es en colère contre moi, reprit Glen. Et tu as toutes les raisons de l'être. Mais j'espère qu'un jour, tu pourras pardonner à un père qui a été aveuglé… aveuglé par la haine.
Ander resta silencieux. Glen soupira et ajouta :
— Alors… comment puis-je t'aider ?
— Je n'ai besoin de rien. Et d'ailleurs, de quel problème parlez-vous ? Je n'en ai aucun.
Le roi s'approcha d'un pas lent.
— Depuis le départ d'Esme et des autres, tu n'es plus vraiment toi-même. Tes amis te manquent… et Esme aussi. Mais j'ai l'impression que ce que tu ressens pour elle va bien au-delà de l'amitié, n'est-ce pas ?
Ander soupira, la voix rauque.
— J'ai toujours été là pour elle. Son ami, son maître, son chevalier, son conseiller, et…
— Son amour, termina Glen doucement.
Rougissant, Ander détourna les yeux.
— Non… c'est juste… de l'affection.
Glen éclata de rire :
— Mon fils, je ne suis pas né hier. L'amour, je sais le reconnaître. Tu l'aimes, malgré tout… même si elle porte l'enfant d'un autre. À moins que…
Ander coupa brusquement :
— Peu importe. Je l'aime, et je l'aimerai toujours. Je lui ai promis d'être à ses côtés… et me voilà coincé ici, impuissant, alors que j'ai le pressentiment qu'elle est en danger.
Il baissa la tête, vaincu par l'angoisse, les poings serrés.
Glen le regarda longuement, puis, d'un ton calme :
— Alors va la rejoindre.
Ander releva la tête, surpris :
— Pardon ? Vous plaisantez ?
— Tu veux savoir comment elle va ? Alors va. Qu'est-ce qui t'en empêche ?
— Et… les conseillers ?, et les protocoles… ?
Un éclat de rire secoua Glen :
— Dis-moi, Riven, depuis quand es-tu devenu un enfant sage ?
— J'ai toujours été sage, répondit Ander, faussement vexé.
— Non, non, non, mon fils. Tu préférais mille fois fuire les audiences pour jouer avec ta sœur !
Ander resta interdit, surpris d'avoir été aussi rebelle. Puis, avec un sourire en coin :
— Très bien… j'opte pour la méthode Riven.
Il quitta la pièce avec détermination, déclenchant un rire franc chez Glen. Alors qu'Ander atteignait la porte, il se retourna :
— Hé… Merci, papa.
Glen resta figé, surpris par ces mots. Puis un sourire fier éclaira son visage.