Maya prit une profonde inspiration avant de commencer :
— Le royaume de Stregon ne s'implique jamais dans les conflits des autres royaumes. La raison est simple : nous sommes un peuple doté de pouvoirs, et si nous prenions parti, la victoire serait inévitablement biaisée. C'est pourquoi, il y a des siècles, nos anciens ont conclu un pacte avec les dirigeants des royaumes environnants.
Ander écoutait attentivement tandis que Maya poursuivait.
— Chaque royaume s'est vu assigner un mage issu de Stregon. Ce mage devait servir et protéger son territoire, quel que soit le conflit. Ce système a permis d'assurer un équilibre et d'éviter toute injustice.
Ander réfléchit un instant avant de poser une nouvelle question.
— Donc, si Stregon décidait d'attaquer un royaume, le mage assigné à ce royaume ne serait pas obligé de les aider ?
Maya secoua la tête.
— Non. Mon rôle est de protéger Ambar. Si Stregon vous attaque, je vous défendrai.
Ander resta pensif.
— Donc… même si Stregon nous attaque et que tu nous défends, ils ne te considéreront pas comme une traîtresse ?
— Non, confirma Maya. Mon rôle est de protéger Ambar. C'est ainsi que les anciens l'ont décidé.
Ander plissa les yeux.
— Et même si nous gagnons ?
— Cela ne changera rien. Le pacte reste en vigueur, quoi qu'il arrive.
Ander hocha lentement la tête.
— C'est… étrange.
— Peut-être, mais c'est ainsi que les anciens l'ont voulu.
Maya se leva ensuite et, sans un mot de plus, quitta la pièce, laissant Ander seul avec ses pensées.
Un peu plus tard dans la journée, Ander rassembla ses compagnons pour leur faire part de sa découverte.
— Le royaume de Stregon est notre ennemi.
Un silence pesant s'installa. Tous semblaient sous le choc.
— Pourquoi ? demanda Esme. Qu'avons-nous fait pour mériter ça ?
— C'est ce que je compte découvrir, répondit Ander. J'ai envoyé une lettre au roi de Stregon afin de confirmer s'ils sont bien derrière ces attaques.
Bullet secoua la tête, incrédule.
— J'ai beau tourner cette histoire dans tous les sens, je ne comprends pas…
— Moi non plus, ajouta Adam.
Pendant ce temps, Rivia était restée étrangement silencieuse. Luna, remarquant son air troublé, s'approcha d'elle.
— Tout va bien, Rivia ?
La jeune femme afficha un sourire forcé.
— Oui… Juste un peu fatiguée. Je vais me reposer.
Sur ces mots, elle se leva et quitta la pièce. Luna la regarda partir avec suspicion.
La conversation reprit, mais fut bientôt interrompue par un garde qui arriva précipitamment. Il s'agenouilla devant Esme et, légèrement essoufflé, s'excusa.
— Un message du royaume de Kyanit… de la part de Greg.
Sina, qui se tenait à proximité, prit la lettre et congédia le garde. En la parcourant, son expression s'assombrit.
— De quoi s'agit-il ? demanda Adam, curieux.
Sina replia la lettre avant de répondre d'une voix grave :
— Greg demande à Aria de se rendre à Kyanit. Le roi Edgard veut la voir.
À ces mots, Aria détourna immédiatement le regard, une lueur de colère dans les yeux.
— Je n'irai pas voir ce monstre.
Sina hésita avant d'ajouter :
— Il est malade. Il n'a plus beaucoup de temps à vivre…
Aria serra les poings, touchée par ces paroles, mais elle se força à rester impassible.
Tout le monde tenta de la convaincre d'y aller, mais elle refusa catégoriquement et quitta la pièce en trombe. Sina la suivit immédiatement.